Pénal, une justice en fonction de votre statut ?
Je dois avouer que l’annonce ici de Nicolas Sarkozy d’une demande de trente ans de prison "incompressibles" et "systématiques" pour les assassins de policiers ou de gendarmes m’a consterné. Mais comment considère-t-on dans ce cas les meurtriers des victimes civiles ?
La vie d’un policier ou d’un gendarme aurait donc plus de valeur que celle d’un enfant, d’une mère de famille, d’un adolescent, d’un honnête citoyen ou que celle d’un vieillard ? La valeur intrinsèque d’un individu serait donc déterminée en fonction du rôle et du statut qu’il atteint dans la société ?
De plus le principe même de la Cour d’assises en serait bafoué par une peine systématique sans délibéré.
Le droit pénal ne doit-il pas s’appliquer pour tous, de par ses règles juridiques, en fonction de la gravité des crimes commis et non en fonction d’une corporation "dite victimaire" à un moment précis et, de surcroît, dans l‘exercice de ses fonctions ?
Le droit d’application des peines doit-il s’exercer, non plus d’une manière objective basée sur le degré du crime commis, mais simplement par le fait qu’un monopole étatique décide le droit de dire qu’un crime est plus odieux qu’un autre ? Mais à quel titre peut-on dire que l’assassin d’un simple citoyen ou celui d’un enfant est moins grave que celui d’un fonctionnaire de police en exercice ? Le viol ou le meurte d'une fillette est donc beaucoup moins grave puisque les assassins bénéficient de remises de peine et de peines initiales souvent moins lourdes.
Si cela devient le cas, une échelle de valeurs des victimes sera donc à établir. Peut-être une carte à points sera-t-elle délivrée à chaque citoyen à sa naissance et en fonction de la valeur des crimes commis durant son existence un nombre de points précis lui sera supprimé. Ainsi, sur une carte de douze points, si un individu tue un gendarme il perd tous ces points d’un seul coup et passe directement à la case «Peine incompressible de trente ans ». Pour les autres, et souvent pour des crimes parfois plus monstrueux, ils se verront conserver une partie de leurs points car la vie de leur victime sera considérée comme inférieure à la vie d’un professionnel de l’ordre public.
Nous apprenons aussi que Nicolas Sarkozy a déclaré qu‘aucune insulte ne serait permise envers les fonctionnaires: «"J'ai demandé aux fonctionnaires de police qu'à la moindre insulte, au moindre manque de respect, des conséquences judiciaires soient engagées.
Les tribunaux sont déjà engorgés par des dossiers beaucoup plus urgents et qui mettent des lustres à aboutir, pourquoi ajouter des plaintes pour ralentir encore la procédure ?
Mais n'est-ce pas une dérive fascisante ? Il est évident que la police et les gendarmes exercent en règle générale au mieux leur fonction et que nous avons besoin d'eux dans des sociétés comme la nôtre. Mais les bavures existent pourtant, les ripoux, les prévaricateurs aussi, les abus de pouvoir également, l’irrespect et les dérapages verbaux envers des interpellés, même innocents, existent aussi, les erreurs de jugement et les excès de zèle également. Dans ces conditions, ceux qui pratiquent les faits précités, en abuseront d’avantage. Que vaudra la parole d’un simple citoyen face au pouvoir d’un fonctionnaire et face à la machine juridique tournant à plein régime pour le priver de ses libertés ?
Un policier reste un homme comme un autre avec ses faiblesses et parfois ses erreurs répétitives ; comment le placer au-dessus des lois en lui décernant un mandat d’immunité permanent et de pouvoir absolu ?
Un Etat policier intouchable fait monstrueusement peur.