Le ministère public avait requis mardi soir une peine d'un an d'emprisonnement avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve avec obligation de soins à l'encontre de l'ancien haut gradé, qui comparaissait pour la détention d'images pédo-pornographiques retrouvées sur du matériel informatique saisi à son domicile.
La procureure avait également réclamé le dédommagement des parties civiles, trois associations de protection de l'enfance qui ont réclamé au total 25.000 euros de dommages et intérêts.
Raymond Germanos, qui comparaissait libre devant le tribunal, n'a pas fait de commentaires à sa sortie, ni son avocat. La défense avait demandé au tribunal d'ordonner une expertise afin de déterminer si la tumeur dont souffrait au moment des faits le militaire pouvait induire un comportement pédophile comme le laisserait entendre la littérature médicale.
Sanglé dans un costume noir, chemise blanche, le haut gradé à la retraite, âgé de 68 ans, a reconnu la "consultation" de ces images mais pas leur "détention". Des images mettant en scène des enfants très jeunes, de six mois à douze ans. "Ce ne sont pas des images de jeunes éphèbes. Ce sont des actes inqualifiables. Certaines de ces images sont insoutenables", a déclaré la présidente du tribunal, Marie-Françoise Guidolin.
"J'admets la consultation. Je voulais simplement dire que je regrette. C'était une période perturbée par des problèmes médicaux", a répondu l'ancien militaire au tribunal. Lors de l'instruction, il a expliqué avoir recherché sur certains sites Internet une "excitation sexuelle".
Interpellé le 1er juin 2008, Raymond Germanos dit avoir "tourné la page, une page douloureuse" sur cette époque. La défense du militaire est simple: expliquer que la tumeur cérébrale dont il était atteint a perturbé son comportement. "J'avais perdu ce sens de la logique, de la critique pendant un court moment", a-t-il précisé expliquant avoir été étonné du nombre d'images téléchargées.
A l'appui de cette thèse, son avocat, Me Olivier Schnerb a fait citer un neurochirurgien de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce qui, en 1981, a opéré le militaire d'une première tumeur. Le praticien explique alors qu'elles peuvent provoquer des lésions, même temporaires, pouvant lever les inhibitions, "faire sauter les freins".
Le procureur de la République, Sophie Havard, a rappelé que les faits incriminés avaient duré quatre ans, relevé que les expertises auxquelles le militaire a été soumis n'ont pas noté d'abolition du discernement au moment des faits.
"Ce qui est condamnable, c'est que le général Germanos a recherché pendant quatre années des sites pédo-pornographiques" tout en prenant de nombreuses précautions pour ne pas être démasqué par sa famille. "Celui qui se cache derrière son ordinateur est aussi coupable" que les auteurs d'actes pédophiles, a-t-elle souligné.
Retraité de l'armée en 2002 avec le grade de général d'armée, Raymond Germanos est depuis conseiller auprès du président de la République du Cameroun. Il est Grand officier de l'Ordre national du Mérite et commandeur de la Légion d'Honneur.