Réclamation aux ministres de l’Education et de l’Agriculture
J’ai été durant ma scolarité, lors du Cycle secondaire, une brillante élève déterminée à ne pas apprendre et à ne pas obéir. Cette volonté a bien évidemment très vite été récompensée.
C’est ce déterminisme toujours courtois, mais péremptoire, qui m’a permise tout au long de l’année, et durant toute ma scolarité, de maintenir les résultats qu'étaient les miens.
À tel point que mes profs refusaient que je passe en classe supérieure. C’est dire… Ce qui peut se comprendre car, voir une telle élève devoir les quitter devait certainement être difficile.
C'est ce qui me permettra, aussi, grâce à eux et à mes aptitudes, de faire trois années en six ans. Un Exploit. Mais j’étais partie avec une nette avance. Ce qui permet de prendre du retard.
Cette constance à maintenir mes résultats, suite à un travail acharné à ne rien faire, me garantissait également d’être toujours dernière ou antépénultième. Mais aussi de toujours être interrogée la première le lundi matin et presque tous les jours.
Il faut avouer que ma réponse à la question des profs était un exemple d'efficacité en étant synthétique et lapidaire : « Cette fois-ci avez-vous appris vos leçons et fait vos devoirs ? » Non. « Pourquoi ? » Je n’avais pas envie.
Mais avec le temps, les profs apprenant très vite, plus aucun d’eux ne me demandera - Pourquoi ?-.
Bonnet d’âne chapeau décerné aux enfants pour les punir de leur ignorance.
Mieux, car le talent doit se partager. C’est pourquoi à plusieurs reprises, et en plein milieu d’année, la directrice disait à mes parents qu’elle ne pouvait plus me garder et que d’autres établissements seraient heureux de m’accueillir. Une générosité qui m’a permise de fréquenter de nombreux établissements privés et publics dans une valse effrénée.
C’est vrai, aussi, que mon sens inné à refuser d'apprendre cet enseignement faisait bien évidemment des jalouses dans les Premières de la classe. Ce qui est bien normal puisque je passais beaucoup plus de temps qu’elles dans le bureau des directrices et à l’école entre colle à la récré, colle le soir ou colle le samedi ( punition suprême).
Pourtant mon indiscipline, mêlée de pitreries, avait au mois le mérite de distraire et d‘amuser toute la classe, enfin presque, ce que les enseignants sont bien incapables de faire. Une lacune parmi d'autres qui devra être comblée.
Il faut bien avouer également que pour intéresser les jeunes il y a mieux que l’Education nationale car entre : bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux joujoux et poux, 1515 Marignan, 01 l’Ain, et la racine carrée de deux, il est normal de devenir hermétique. Sans parler de la confesse et de la messe obligatoire dans les écoles religieuses où il était nécessaire de se casser la tête pour se trouver des péchés pouvoir ensuite être absoute de ceux que vous n'aviez pas commis.
Caricature allemande de 1849 montrant un maître d’école faisant subir à ses élèves diverses formes de punitions : bonnets d’âne, mise au coin et châtiments corporels
Toutefois c’est la rançon de la gloire des Cancres, c’est comme ça !
La moralité que nous pourrions tirer de ce parcours d’exception est : « rien ne sert de courir, il faut partir à point » mais seulement quand on le décide. Et qu’il ne sert à rien non plus d’être un bon élève car même les diplômés sont au chômage ou sous-payés. De plus, à part quelques-uns bornés, et même méchants, les profs laïcs et les religieuses m’aimaient bien, et se souviennent surtout de moi des lustres après.
Cependant j’ai un énorme regret. Celui de ne jamais avoir été récompensé à la hauteur de mes mérites et de ma constance. C'est vrai, si le bonnet d’âne avait encore existé, aujourd’hui j’aurais une des plus belles collections pour me rappeler de cette belle période et pour me souvenir de cette assiduité et de ce volontarisme.
C’est pourquoi je demande solennellement au ministre de l’Education de réintroduire urgemment cet insigne prestigieux du parfait cancre, et à celui de l‘Agriculture de restaurer cette fausse image et la désastreuse réputation de ce noble animal qu‘est l‘âne.
Vous comprendrez aisément que, dans un pays comme le nôtre, qui a fait de l’égalité des chances - une priorité - et qui se targue d'être celui des libertés, il est inconcevable que tous les mérites ne soient pas reconnus et récompensés.
De ce fait il est totalement inégalitaire de ne récompenser que les premiers de la classe, les grands diplômés et les énarques qui coulent depuis 40 ans la France aidés d’experts en in-expertise, de lobbyistes cupides, de chercheurs dangereux, d'avocats voyous et autres corrompus de toutes les corporations, ainsi que des gens du spectale sans aucun talent, quand très souvent tout ce petit monde ne possède qu'un simple verni plus ou moins épais.
Le Cancre mérite aussi la croix du Mérite. Quand nous voyons ceux qui en sont décorés, il est patent que les vertus des nombreux ânes n'ont rien à voir avec les vices de ces chevalliers sans monture ou assis sur celles borgnes, aveugles et boiteuses.
Que reproche-t-on à l‘âne ?
- D’être bête. Il serait difficile qu’il en soit autrement puisque c’est un animal. Âne peut-être, mais intelligent aussi.
- D’être ignorant. Ça dépend. Si refuser d’apprendre des sophismes, des mensonges, des conneries ou des choses totalement inutiles est, être ignorant, et répéter comme un perroquet tout ce que l’on vous demande d‘apprendre pour le braire ensuite est, être cultivé, alors oui l’Âne est ignorant et fier de l’être.
- D’être têtu, rétif, obstiné. Il serait plus objectif de dire qu’il n’aime pas être obligé à faire ce qu’il n’a pas décidé, ce qu’il n’a pas envie de faire. Il n’obéit pas plus d’ailleurs avec une carotte qu'un bâton. C’est lui qui décide. Et pour avoir une famille d’ânes, si vous êtes son amie alors il vous suivra partout.
- D’avoir de grandes oreilles. Ouiiiiiiii, d’accord ! Mais soyons honnêtes, celles-ci lui vont plutôt bien contrairement à d’autres.
- De ne pas être franc « aussi franc qu’un âne qui recule » dit-on. Cet adage démontre pourtant à lui seul que l’ignorance en est à la source car tout le monde devrait savoir que, quand on passe derrière une croupe équine, il faut lui tirer la queue. Ce qui est valable aussi ailleurs.
Prenons un exemple….. Euh !… Aaah oui voilà. Par exemple Jean-François Copé. Si vous tournez autour de lui, et bien tirez lui la queue…il ne vous pondra pas des œufs, quoi....que, il est capable de tout, mais cela évitera qu’il ne vous botte d’un sale coup par derrière ou de plusieurs.
- Faut-il tirer fort ?
- Non ce n’est pas utile. Un p’tit coup sec maintenu vers le bas suffit le temps de le contourner. C’est beaucoup plus efficace qu’une prise de karaté.
Vive le Bonnet d’Âne
Depuis que ceux qui savent ont commencé de paraître parmi nous, les gens de bien ont disparu"
Sénèque
" Les époques où le Savant passe au premier plan sont des époques de fatigue, souvent de crépuscule, de déclin".
Nietzsche
source images bonnet d'âne : Wikipédia