Introduction de la lettre de Benjamin Freedman adressée au Docteur Goldstein. Vous pouvez aller à l'essentiel ici
En considération de votre illustre position, je vous avoue qu’il m’a fallu un grand courage pour oser vous écrire cette si longue lettre. Je prie donc pour que vous lisiez mes paroles en gardant à l’esprit le verset 16 du chapitre 4 de l’Épître aux Galates : « Suis-je donc devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? », et j’espère que vous me ferez l’honneur de méditer sur le sens profond de ce verset, avant de réagir à tout ce que je vais vous dire.
C’est véritablement pour moi une source de grand plaisir et de joie authentique de pouvoir vous saluer enfin, malgré tous les inconvénients de la correspondance. J’éprouve une déception profonde de devoir faire votre connaissance de cette manière. Ma joie actuelle serait bien plus intense si j’avais eu le privilège de pouvoir vous saluer en personne pour l’occasion de notre première rencontre.
Vous découvrirez dans cette lettre un grand nombre de raisons qui justifieront pleinement l’urgence avec laquelle j’ai dû mettre fin à toute temporisation pour entrer de plein pied en contact avec vous. Vous découvrirez que cette urgence ne fait que refléter la gravité de la crise qui met aujourd’hui en péril la permanence de la foi chrétienne dans cette lutte ancestrale qui fit d’elle la force spirituelle et sociale la plus efficace pour le développement du bien être de toute l’humanité, dans une mission divine qui n’avait de considération ni pour une race particulière, ni pour une religion particulière, ni pour une nationalité particulière.
Votre dernier article est paru au mois de septembre dans le Bulletin du G.C.P.I., la publication officielle de cette organisation qui s’est baptisé : La Grande Confraternité de ceux qui Prient pour la paix et la bienveillance envers Israël… Le titre de votre article (« Ce que pensent les Juifs aujourd’hui »), et la vocation du G.C.P.I. rappelée sur la première page (« Faire connaître et promouvoir l’apostolat chrétien entrepris parmi Israël »), me poussèrent immédiatement à saisir par les cheveux l’occasion de vous présenter mes commentaires. Je sollicite donc votre indulgence si ma lettre présente les défauts de la spontanéité qui lui a donné naissance.
Pour les plus grands intérêts de cette noble cause, à laquelle vous continuez à consacrer tout votre temps ainsi que vous l’avez toujours scrupuleusement fait depuis déjà plusieurs décennies, je vous invite très respectueusement et très sincèrement à étudier attentivement les données qui vont être présentées ici. Je vous suggère également de prendre toutes les mesures que vous jugerez nécessaires, et qui seront le résultat logique de vos conclusions. Au milieu de cette guerre idéologique, invisible et intangible, qui se livre pour la défense de l’immense héritage chrétien contre ses ennemis consacrés, une attitude favorable de votre part serait un pas capital vers la victoire. En revanche, votre simple passivité se muerait immédiatement en un recul sensible de l’effort global.
Vous souscrivez probablement à cet adage selon lequel il est préférable d’allumer une seule bougie plutôt que de rester assis dans les ténèbres, et bien j’ai toujours pensé moi aussi qu’il dépeignait une attitude très sensée et très saine. Certes, les tentatives solitaires que j’ai déjà entreprises pour donner la lumière à ceux qui sont dans les ténèbres, pourraient avoir le même résultat auprès de vous qu’auprès de ce nombre considérable de personnes qui demeurent la preuve vivante de tous les échecs que j’ai connus au cours des trente dernières années. Mais dans votre cas et jusqu’au jour d’aujourd’hui, je suis resté assez optimiste.
J’ai toujours nourri l’espoir, pas tout à fait vain me semble-t-il, qu’un jour, l’une de ces chandelles se transformerait en un véritable brasier, comme un tison qui dort dans une grange et se réveille tout d’un coup pour déchaîner un immense feu de prairie, appelé à traverser de part en part toute la nation, avant d’illuminer pour la première fois les vastes horizons d’un avenir rénové. Voyez-vous, c’est dans ce rêve irréductible que je puise le courage qui me maintient sur le champ de bataille, avec en face de moi, toute cette étrange étrangeté à laquelle l’histoire de ma vie m’a évidemment soudé.
Depuis des milliers d’années, il a été dit avec justesse qu’à la fin « c’est toujours la vérité qui prévaut ». En effet, nous savons tous que la vérité peut se révéler d’une force infinie. Mais hélas, jusqu’à ce jour, nul n’a vu la vérité se mettre en marche toute seule. Personne n’a jamais vu la vérité quitter son point mort sans qu’un apôtre ne lui ait dûment communiqué la poussée minimale qui puisse contrebalancer son inertie. Sans cela, la vérité ne bougera pas, et ne fera bouger personne.
Mon cher Docteur Goldstein, vous avez sans doute déjà observé qu’en voulant faire un peu de bien d’un côté, les personnes « bien intentionnées » déclenchent souvent un mal irréparable de l’autre. Chacun de nous finit par rencontrer cette expérience bien amère. Ainsi, le jour d’aujourd’hui vous montre dans le perpétuel sacrifice de tous vos efforts et de toute votre énergie, dans le but émérite de faire entrer les « Juifs » (prétendus, ou autoproclamés tels) dans le sein de l’Église catholique romaine, par le biais de la conversion à notre foi. Beaucoup de grâce et meilleure chance à vous, puissent vos efforts être couronnés d’un grand succès…
Mais mon cher Docteur Goldstein, je dois vous dire que votre travail contribue sans que vous ne le sachiez, et d’une manière non négligeable, à la dissolution de la foi d’un nombre considérable de chrétiens.
La réaction dont vous allez faire preuve face à ce que vous allez lire, peut devenir le verdict le plus important jamais prononcé au cours des derniers siècles, dans le domaine de la défense de la foi chrétienne. Je vous recommande donc sincèrement de ne pas perdre de vue la grande responsabilité qui va être la vôtre maintenant, et j’espère que vous allez étudier cette lettre dans le moindre détail, depuis son premier mot, jusqu’à son tout dernier.
Malgré ceux qui le nient partout et en permanence, les événements de ces dernières années ont attesté sans plus laisser le moindre doute, que la foi chrétienne se présente désormais avec un pied dans la tombe, et un autre pied sur une peau de banane, en parlant figurativement je vous l’accorde. Mon cher Docteur Goldstein, ne pas s’en rendre compte serait se fermer définitivement à toute réalité, et choisir de ne plus voir les évidences. Je crois que vous êtes bien trop réaliste pour vous autoriser ainsi à vous duper vous-mêmes.
Quand les chrétiens du monde libre ne pourront plus exercer publiquement leur foi, nous aurons connu le dernier jour du christianisme. Ce que connaissent déjà 50 % des humains pourrait très vite se propager à toute la population du monde. C’est même très probablement ce qui devrait se produire, si le cours des choses suit la tendance actuelle. Une maladie maligne ronge le monde comme un cancer, elle se propage de manière géométrique, comme des cellules cancéreuses. Elle se révélera sûrement fatale si des mesures d’une extrême rigueur ne sont prises très vite pour l’endiguer. Mais qu’est-il entrepris aujourd’hui pour la stopper, ou même seulement pour la ralentir ?
Mon cher Docteur Goldstein, vous souvenez-vous du nom de ce philosophe qui a dit : « il n’y a rien de permanent dans le monde, sauf le changement » ? Et bien cette philosophie devra s’appliquer à la foi chrétienne elle aussi… Et mon autre question à 100 francs est de savoir si ce changement sera pour le meilleur, ou pour le pire… Le problème est aussi simple que cela. Or, si l’on continue à suivre pendant les 37 années qui viennent, la voie qui fut la nôtre au cours des 37 années qui précèdent, la foi chrétienne telle quelle est professée aujourd’hui aura complètement disparue de la surface du globe. Sous quelle forme se manifestera alors la mission de Jésus-Christ sur la Terre, voilà qui est aussi peu prédictible qu’inévitable.
Dans cette situation de crise, vous conviendrez qu’il ne serait ni très logique, ni très réaliste, de chasser une multitude de chrétiens du refuge que la foi chrétienne leur donne, pour l’avantage très relatif de faire entrer un nombre de « Juifs » (prétendus ou autoproclamés tels), proportionnellement dérisoire.
Mon dessein n’est pas de dénoncer ici les conspirateurs qui se sont voués à la destruction de la foi chrétienne, ni de m’étendre sur la nature exacte ou sur l’étendue de cette conspiration. Cela demanderait la rédaction de plusieurs ouvrages. L’histoire des derniers siècles, et notamment les événements des dernières années, confirment l’existence d’une telle conspiration, j’en ferai toute la preuve une autre fois. Un réseau mondial de conspirateurs diaboliques déploie jour après jour, avec la plus grande méthode, chacune des phases de son complot contre la foi chrétienne, alors que les chrétiens semblent dormir les poings fermés. Et le comble voyez-vous, c’est que le clergé manifeste plus d’indifférence à cette conspiration que les chrétiens eux-mêmes. On dirait que les prêtres ne veulent qu’une seule chose : enfouir leur tête le plus profond possible dans le sable de l’ignorance, comme l’autruche, qui selon la légende, agirait ainsi à l’approche du danger. Cette ignorance, ou cette indifférence de la part du clergé, a déjà porté un sérieux coup à la foi chrétienne, duquel elle pourrait bien ne jamais se relever complètement, si tant est qu’elle puisse un jour se relever. C’est si triste de voir le clergé chrétien collaborer à l’anéantissement de la foi chrétienne.
Sans oublier tout le respect que je dois à l’autorité ecclésiastique, et en toute humilité, je me retrouve avec une tâche bien difficile à accomplir… En effet, je voudrais déclarer ici publiquement que l’autorité ecclésiastique est la principale, si ce n’est la seule responsable de la présence de ces forces internes qui trahissent allègrement les intérêts de l’Église. Cette conclusion que je vous présente, condense à elle seule toutes les informations que j’ai pu répertorier jusqu’à aujourd’hui. Mon cher Docteur Goldstein, si vous désirez vraiment agir d’une manière constructive et réaliste, il va vous falloir « mettre les pieds dans le plat », sans vous inquiéter des petits doigts en l’air et autres grincements de dents. C’est la seule stratégie qui nous reste si l’on veut éviter de justesse le destin qui nous attend. Vous ne pouvez plus continuer à minauder avec la vérité, sous prétexte que la vérité blesse ceux qui vous connaissent, ou ceux que vous aimez.
En cette heure tardive, il ne nous reste que très peu de temps pour réparer la barrière, si vous m’autorisez cette image champêtre et prosaïque. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre la moindre seconde. « Tourner autour du pot » ne nous conduirait nulle part. Seuls des hommes courageux parviendront à franchir la tempête qui approche. Et pour parler à nouveau en figure, ou même peut-être que cette fois-ci je l’entends littéralement : « Les héros seront vivants, et les couards seront morts, lorsque la poussière de cette guerre ancestrale sera retombée » ; et non pas : « Les héros seront morts, et les couards seront vivants », comme cela se produisait parfois, dans d’autres circonstances…
Bien sûr, cette confusion dans l’esprit des chrétiens à propos des fondements de notre foi est tout à fait injustifiée et ne repose sur rien de réel ; elle n’a aucune raison d’être, et elle n’existerait pas si l’autorité ecclésiastique n’avait pas été la grande complice de toutes les supercheries qui la firent apparaître. Certes, je sais que des membres du clergé pourraient être sincèrement blessés d’apprendre qu’ils ont été les complices des ennemis consacrés de la foi chrétienne, et je vous accorde que beaucoup de prêtres sont leurs alliés sans le savoir ; mais cette ignorance est le plus gros obstacle à une défense constructive de la foi chrétienne contre ses ennemis consacrés.
Des chrétiens sans nombre, que leur ignorance du problème à poussé malgré eux sur la touche du champ de bataille, voient de jour en jour la foi chrétienne pourrir un peu plus sur la vigne, et se faisander au point de tomber toute seule dans le gosier avide de ses ennemis immémoriaux. Les chrétiens observent ce spectacle, impuissants ; et la coupe qu’ils doivent boire est rendue plus amère par la vue de l’indifférence du clergé censé les conduire. Cette apathie du clergé, livre à ses agresseurs la foi chrétienne privée de toute défense. Et leur attitude fuyante nous conduira inéluctablement à la défaite. Pour éviter une reddition sans condition aux ennemis de toujours, le clergé doit maintenant faire face sans le moindre délai, s’il désire sortir vainqueur dans ce combat idéologique invisible et intangible qui se livre sous son nez… Quand va-t-il se réveiller ?