« Tout ce dont nous avons besoin est une crise majeure appropriée, et les nations accepteront le Nouvel Ordre Mondial » (David Rockefeller)
« Nous irons ensemble vers ce Nouvel Ordre Mondial, et personne, je dis bien personne ne pourra s’y opposer ». Sarkozy en 2009
Un ressortissant français d’Abidjan témoigne que la Licorne et l’ONUCI ont laissé le chaos s’installer dans les villes sans intervenir. Face à des pillards et des casseurs elles ont laissé faire.
Enseignant-chercheur à l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique (Département d’anglais), spécialiste du monde noir.
L’élection présidentielle de novembre 2010 était incontestablement controversée, mais comment aurait pu-t-il en être autrement puisqu’elle s’est tenue dans un pays dont la partie nord est occupée depuis 2002 par une rébellion armée, dont l’instigateur n’est autre qu’ADO. Par ailleurs, notons que, comme le souligne l’avocat français Jacques Vergès, « ce sont les Occidentaux qui ont poussé à faire des élections en Côte d’Ivoire » avec l’espoir à peine masqué qu’ADO, ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny et ancien directeur général adjoint du FMI, très favorable à la politique néocoloniale française en Côte D’Ivoire, l’emporte enfin.
En effet, il est de notoriété publique qu’ADO est le parrain de la rébellion qui tenta de déstabiliser le régime du président Gbagbo, opposant historique d’Houphouët-Boigny et par ricochet de la Françafrique. Huit ans après avoir raté son putsch militaire, il a aussi manqué son putsch électoral. Or, au détriment du respect du droit constitutionnel ivoirien, c’est précisément ce putschiste qui est ouvertement soutenu par Nicolas Sarkozy, lequel au demeurant avait promis la fin de la Françafrique (quelle bonne blague !), Obama (ou peut-être devrais-je dire "Oubouana"), la force étrangère de l’ONU censée être impartiale (mais nous savons bien que par ONU il faut comprendre une poignée de pays, dont font partie la France et les Etats-Unis, disposant du droit de véto permanent), l’Union européenne et consorts, y compris la majorité des chefs d’Etat africains s’empressant de se ranger derrière les grands sorciers blancs. Ces puissances étrangères ne se contentent pas d’ordonner le départ du président Gbagbo, elles lui ont imposé des sanctions et, pire encore, elles se rangent désormais aux côtés des rebelles à la solde d’ADO pour déloger coûte que coûte M. Gbagbo du palais présidentiel.
Mais à quelle période vivons-nous ? En 2011, époque à laquelle la colonisation et le néocolonialisme sont censés être révolus ou dans les années 1960-1970, voire même 1980, lorsque l’Occident faisait et défaisait les présidents africains à sa guise ? Concernant cette deuxième interrogation, je pense par exemple à l’assassinat de Lumumba au Congo en 1961 perpétré par, entre autres, la Belgique et les Etats-Unis ; à l’opération Barracuda montée par la France en 1979 pour renverser l’empereur centrafricain Bokassa 1er après des années de bons et loyaux services ; ou encore à l’assassinat du président Thomas Sankara au Burkina Faso, en 1987, fruit d’une entente plurilatérale entre notamment la France de Mitterrand et la Côte d’Ivoire du dictateur Houphouët-Boigny.
Nous sommes pourtant bel et bien en 2011, mais il est plus que certain que le néocolonialisme occidental est toujours d’actualité en Afrique et qu’il semble même avoir encore de beaux jours devant lui, contrairement à ce qu’essaient de nous faire croire les médias français par le biais notamment du documentaire passé il y a plusieurs mois sur France 2 et intitulé Françafrique (réalisé par Patrick Benquet) ou de journalistes on ne peut plus partiaux tels qu’Antoine Glaser, qui a d’ailleurs participé à la conception de ce fameux documentaire, Robert Ménard, qui « approuve » les électeurs du Front national, et autres Vincent Hervouët qui, de manière surprenante, s’est vu attribué le Grand Prix de la Presse Internationale 2010 pour son très décousu et partisan Journal du Monde sur LCI (la chaine information du groupe TF1).
Pendant que l’Occident fustige et menace Laurent Gbagbo, premier président démocratiquement élu de Côte d’Ivoire en 2000, pendant que les forces armées françaises et celles de l’ONU assistent la rébellion armée d’Alassane Ouattara (parfois surnommé « Alexandre » Ouattara, tant sa vénération pour la France est grande) dans sa énième tentative de coup d’Etat, Compaoré, qui vient d’ailleurs d’être à nouveau réélu président du Burkina Faso, Biya, Bongo fils, Eyadema fils ou Déby coulent des jours heureux à la tête de leurs pays respectifs, qualifiés de présidents démocratiques et irréprochables par la France.
En réalité, ce qui est insupportable dans tout cela, c’est que, quelle que soit l’issue de cette guerre, car il s’agit véritablement d’une guerre néocoloniale, comme d’habitude, le peuple trinquera, pris en otage par les politiques, la fierté patriotique, le mercantilisme et la politique néocoloniale française qui se risque à déclencher un Rwanda bis. Mais après tout, me direz-vous, les expatriés français viennent d’être mis en sûreté. La boucherie peut donc commencer. Et comme disait notre cher François Mitterrand à propos du Rwanda : « un génocide, dans ces pays-là, ce n’est pas trop important ». A bon entendeur.
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