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Michel Chossudovsky analyse

Publié par Diatala sur 27 Février 2009, 12:19pm

Catégories : #Analyse Finance - Economie- International

« Une médecine économique dure » au « visage humain »
 

« De l’espoir au cœur du péril. » Les priorités mentionnées dans le plan économique du président Obama sont la santé, l’éducation, l’énergie renouvelable, l’investissement dans les infrastructures et le transport. Au premier plan figure « une éducation de qualité ». M. Obama a également promis « des soins de santé et plus accessibles et plus abordables », pour tous les Étatsuniens.


À première vue, la proposition budgétaire a toutes les apparences d’un programme expansible, d’un « Second New Deal » axé sur la demande, la création d’emploi, la restauration des programmes sociaux démolis et la relance de l’économie réelle.


La réalité est tout autre. L’espoir de M. Obama est basé sur un gigantesque programme d’austérité. Toute la structure fiscale est anéantie, sens dessus dessous.


Afin d’atteindre les objectifs en cause, une hausse significative des dépenses publiques destinées au programmes sociaux (incluant la santé, l’éducation, le logement et la sécurité sociale) ainsi que l’adoption d’un programme d’investissement public à grande échelle seraient nécessaires. Des changements considérables dans la structure des dépenses publiques seraient également requis, comme le retrait d’une économie de guerre impliquant l’abandon des dépenses liées au militarisme en faveur des programmes publiques.


En vérité, il s’agit de la réduction la plus radicale des dépenses publiques de l’histoire des États-Unis, menant à la dévastation sociale et à l’appauvrissement potentiel de millions de personnes.


L’espoir de Barack Obama sert largement les intérêts de Wall Street, des entrepreneurs oeuvrant dans la défense et des conglomérats du pétrole. En revanche, les « sauvetages » bancaires de MM. Bush et Obama conduisent les États-Unis dans une crise accélérée de la dette publique et les bouleversements économiques et sociaux qu’ils provoquent sont potentiellement dévastateurs.


Soumis au Congrès le 26 février 2009, le budget du président Obama envisage des dépenses de 3,94 billions de dollars pour l’exercice financier 2010 (débutant le 1er octobre 2009), une hausse de 32 pour cent. Selon les estimations préliminaires de l’

Office of Management and Budget, les revenus totaux pour ce même exercice sont de l’ordre de 2,381 billions de dollars.


Le déficit prévu (selon le discours du président) atteint les 1,75 billions, soit presque 12 pour cent du produit intérieur brut (PIB) américain.


La guerre et Wall Street


Il s’agit d’un « budget de guerre ». Les mesures d’austérité frappent tous les principaux programmes de dépenses fédéraux à l’exception 1) de la Défense et la guerre au Moyen-Orient ; 2) du sauvetage bancaire de Wall Street ; 3) des paiements d’intérêts sur l’exorbitante dette publique.


Le budget détourne les recettes fiscales vers le financement de la guerre et légitime leur transfert frauduleux à l’élite financière par le biais des « sauvetages bancaires ».


Le caractère du budget déficitaire n’est pas expansible. Il ne s’agit pas d’un déficit de style keynésien qui stimule l’investissement ainsi que la demande des consommateurs et entraîne la croissance de la production et de l’emploi.


Les « sauvetages bancaires » (impliquant plusieurs initiatives financées par les impôts) constituent une composante des dépenses gouvernementales. Ces renflouements, à la fois ceux de MM. Bush et Obama, sont des « cadeaux » aux principales institutions financières et ne serviront pas à relancer l’économie. Au contraire : ces sauvetages contribuent à financer la restructuration du système bancaire ayant pour effet de concentrer la richesse et centraliser le pouvoir bancaire. 
 

Une grande partie de l’argent subventionnée par le gouvernement américain et dédiée au renflouement sera transférée électroniquement dans divers comptes affiliés, y compris les fonds spéculatifs (hedge funds). Les plus grandes banques des États-Unis utiliseront aussi ces fonds inattendus pour racheter leurs compétiteurs plus faibles, consolidant ainsi leur position. Par conséquent, la tendance qui se dessine est une nouvelle vague de fusions, d’acquisitions et de rachats corporatifs dans l’industrie des services financiers.


Pour leur part, les élites financières consacreront ce volume important de liquidités (paper wealth ou richesse de papier) et les milliards de dollars amassés par le biais de transactions spéculatives au rachat de compagnies dans l’économie réelle (transport aérien, industrie automobile, télécommunications, médias, etc.) et dont la valeur boursière a dégringolé.


Essentiellement, un déficit budgétaire (combiné à des réductions massives dans les programmes sociaux) est nécessaire au financement de ces « dons » aux banques, des dépenses liées à la Défense et du renforcement de la présence militaire au Moyen-Orient. Le budget Obama projette ce qui suit : 


1. Des dépenses militaires de 534 milliards pour l’année 2010, 130 milliards de crédits supplémentaires pour l’exercice 2010 destinés aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, ainsi que 75,5 milliards de plus dédié au financement d’urgence à la guerre pour le reste de l’exercice 2009. Les dépenses militaires et la guerre au Moyen-Orient, combinées aux divers budgets additionnels, sont (officiellement) de l’ordre de 739,5 milliards. Toutefois, certaines estimations des agrégats de la Défense et autres dépenses connexes s’élèvent à plus d’un billion de dollars.


2. Un sauvetage financier d’une valeur de 750 milliards annoncé par M. Obama additionné aux 700 milliards déjà alloués par l’administration sortante de George W. Bush en vertu du Troubled Assets Relief Program (TARP) ou Plan de sauvetage des actifs à risque. La somme astronomique de ces deux programmes réunis est 1,45 billions de dollars, financés par le Trésor. Il y a lieu de mentionner que le montant réel « d’aide » financière aux banques est considérablement plus élevé que 1,45 billions. (Voir le tableau 2 ci-dessous.)


3. Le paiement en 2010 des intérêts nets de 164 milliards sur la dette publique non réglée, selon le

Office of Management and Budget.


L’ampleur de cette répartition est étourdissante. Selon un critère du « budget équilibré » – une priorité de la politique économique du gouvernement depuis l’ère Reagan – presque tous les revenus du gouvernement fédéral s’élevant à 2,381 billions serviront à financer le sauvetage bancaire (1,45 billions), la guerre (739  milliards) et le paiement des intérêts de la dette publique (164 milliards). Autrement dit, il ne reste rien pour les autres catégories de dépenses publiques.



TABLEAU 1  Allocations budgétaires à la Défense (Exercice financier (EF) 2009 et 2010), au sauvetage bancaire et aux paiements des intérêts nets de la dette publique (EF 2010)

G$

Défense incluant les allocations supplémentaires ; 534 G$ (EF 2010), 130 G$ supplémentaires (EF 2010), 75,5 G$ en financement d’urgence (EF 2009)                                    

  739,5

*Sauvetage bancaire (TARP plus Obama) 

1450,0

Intérêts nets     

  164,0

TOTAL

2353,5

Total individuel (fédéral) Revenus d’impôts (EF 2010)

1061,0 

Revenu total du gouvernement fédéral (EF 2010)

2381,0 

Source: Énoncé de l’Office of Management and Budget et énoncés officiels. Voir A New Era of Responsibility: The 2010 Budget
Voir aussi Office of Management and Budget

* Les sauvetages bancaires officiels financés par le Trésor. Le décaissement pourrait s’effectuer sur plus d’un exercice financier et la valeur réelle du sauvetage bancaire est considérablement supérieure.



Le déficit budgétaire


Ces trois catégories de dépenses (Défense, sauvetage bancaire, intérêts  sur la dette) engloutiront pratiquement la totalité des revenus gouvernementaux de 2010 s’élevant à 2381 milliards de dollars.


En outre, à titre de comparaison, tous les revenus accumulés par l’impôt fédéral sur le revenu des particuliers (1,061 billions, EF 2010), c’est-à-dire toutes les sommes payées par les particuliers à travers les États-Unis sous forme d’impôts, ne suffiront pas à financer les « cadeaux » aux banques, lesquels atteignent 1,45 billions. Ce montant inclut les 700 milliards (alloués durant l’EF 2009) en vertu du TARP, ainsi que les 750 milliards octroyés par l’administration Obama.


Même si le décaissement du TARP et de la proposition de sauvetage du président Obama se fera lors des exercices 2009 et 2010, ils représentent tout de même presque la moitié des dépenses gouvernementales totales (la moitié du budget Obama de 3,94 billions de dollars pour l’exercice 2010). Celles-ci sont financées par des sources de revenus régulières (2381 milliards), ainsi que par un déficit budgétaire colossal de 1,75 billions, ce qui nécessite ultimement l’émission de bons du Trésor et d’obligations d’État.


La possibilité d’augmenter considérablement la dette publique à court terme en temps de crise constitue un autre problème, particulièrement au moment où les taux d’intérêts sont extrêmement bas.


Le déficit budgétaire est de l’ordre de 1,75 billions. Barack Obama admet qu’il a hérité d’un déficit de 1,3  billions de l’administration Bush. En réalité, le déficit budgétaire est bien plus important.


Les chiffres officiels tendent à sous-estimer la gravité de la mauvaise situation budgétaire. Le déficit budgétaire de 1,75 billions est sujet à caution puisque les divers montants déboursés sous le TARP et autres sauvetages bancaires, incluant les 750 milliards en programmes d’aide aux institutions financières annoncés par M. Obama, ne sont pas comptabilisés dans les dépenses gouvernementales.


« Il n’y a pas eu de demande d’aide formelle, mais elle apparaît dans une rubrique "d’éventuels efforts additionnels de stabilisation financière" selon l’aperçu du budget. Le service du budget a calculé un coût net de 250 milliards pour les contribuables cette année, car il anticipe que ce montant reconstituera en partie, non en totalité, les dépenses visant à aider les sociétés de financement.


Les fonds s’ajouteraient aux 700 milliards du plan de sauvetage approuvé par le Congrès en octobre dernier. Pour l’exercice financier 2010 et ceux qui suivront, la Maison-Blanche ne prévoit aucun soutien financier du genre » (Bloomberg, 27 février 2010)



Effondrement fiscal


Il se produit à l’heure actuelle une crise majeure dans la structure fiscale fédérale. L’attribution de plusieurs milliards de dollars au budget de guerre et aux plans de sauvetage financier a des répercussions sur toutes les autres catégories de dépenses publiques. 

Le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars de l’administration Bush en vertu du TARP a été approuvé par le Congrès en octobre. Mais le TARP n’est en fait que la pointe de l’iceberg. Avant que Barack Obama n’entre en fonction, une panoplie d’autres allocations ont été ajoutées aux 700 milliards. En novembre, le plan de renflouement du gouvernement fédéral était évalué à un montant exorbitant de 8,5 billions, ce qui équivaut à plus de 60 % de la dette publique américaine estimée à 14 billions (2007). (Voir le tableau 2 ci-dessous)


Entre-temps, selon la proposition du budget Obama, 634 milliards de dollars sont alloués à un fonds de réserve pour financer des soins de santé universels. De prime abord, cela semble être un gros montant. Il sera toutefois dépensé sur une période de 10 ans : cela signifie un modeste engagement annuel de 63,4 milliards. 


Afin de réduire la montée en flèche du déficit budgétaire, on sabrera les dépenses publiques. Non seulement les programmes de santé et d’éducation demeureront largement sous-financés, ils seront réduits considérablement, réorganisés et privatisés. Cela conduira probablement à la privatisation absolue des services publiques et à la vente d’actifs étatiques, incluant les infrastructures publiques, les services urbains, les autoroutes, les parcs nationaux, etc. La débâcle fiscale mène à la privatisation de l’État.


La crise fiscale est également exacerbée par la réduction des recettes fiscales découlant du déclin de l’économie réelle. Ni les travailleurs au chômage ni les entreprises en faillite ne paient d’impôts. Il s’agit d’un processus cumulatif. La solution à la crise fiscale devient alors la cause d’un effondrement additionnel.



Structure de la dette publique


Cette appropriation à grande échelle de liquidités par une poignée d’institutions financières grâce aux plans de sauvetage bancaires contribue au jour le jour à l’augmentation la dette publique.


Lorsque le Trésor américain alloue 700 milliards de dollars au TARP, ce montant constitue une dépense budgétaire devant inévitablement être financée par la structure des dépenses et les revenus gouvernementaux.


À moins de sabrer dans toutes les autres catégories de dépenses publiques comme la santé, l’éducation et les services sociaux, les diverses dépenses engrangées par les renflouements bancaires nécessiteront un énorme déficit budgétaire, lequel accroîtra en retour la dette publique américaine.
 

Les États-Unis sont le pays le plus endetté de la planète. La dette publique américaine (gouvernement fédéral) est actuellement de l’ordre de 14 billions de dollars. Cela n’inclut pas les dettes publiques des municipalités et des États, qui ne cessent de grimper. 

La dette (fédérale) libellée en dollars américains se compose de bons du Trésor et d’obligations d’État impayés. La dette publique, aussi appelée « dette nationale », constitue la somme d’argent que le gouvernement fédéral doit aux détenteurs des instruments de créance américains..


La solution proposée devient ainsi la cause de la crise. Les 700 milliards du TARP combinés aux 750 milliards d’aide à l’industrie des services financiers n’est que la pointe de l’iceberg. Une panoplie d’autres allocations ont été ajoutées aux 700 milliards déjà déboursés

.

 

Ces instruments de créance sont détenus par les résidents états-uniens par le biais de leurs portefeuilles d’épargne, de leurs compagnies et de leurs institutions financières, leurs agences gouvernementales fédérales. Les gouvernements étrangers et des personnes vivant dans d’autres pays, en possèdent également. Ces instruments n’englobent cependant pas les titres de créance intergouvernementaux ni la dette du fonds en fiducie de la Sécurité sociale. Les types de titres détenus par le public comportent les bons, billets et obligations du Trésor, les TIPS (titres du Trésor protégés contre l’inflation), les obligations d’épargne des États-Unis et les séries de titres des gouvernements municipaux et étatiques

 

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