Non il ne s'agit pas d'un match de football, malheureusement.
Chacun de nous de nous connaît l’excellente rhétorique du président de la République et sa transparence sur les choix et les décisions qu’il souhaite entreprendre et entériner.
J’ai suivi avec attention son discours devant la Fondation pour la recherche stratégique sur le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.
Nicola Sarkozy a fait un beau discours qui, de surcroît, se voulait pédagogique. Effectivement, si nous nous en tenons, simplement à la forme de cette déclaration, il n’y a rien à redire. Un discours clair, fondé sur une apparente logique mais avec une forme de nostalgie empreinte d’un passéisme certain face nos anciennes relations avec l’organisation transatlantique.
Si nous ne nous posons, aucune question, sur le fond, il n’y a pas à redouter à l’avenir de cette pleine coopération ; mais si nous analysons, en détail, l’argumentation, celle-ci apparaît plus que fragile, voire même dangereuse.
Le chef de l’Etat faisant référence aux Etats-Unis nous dit ceci : « Il faut choisir des alliés forts ». Très bien. Mais les Etats-Unis ne sont-ils pas les plus grands losers en matière de stratégie militaire ? Entre l’Afghanistan et l’Irak, qui oserait dire que leurs plans ont été un succès ? Pire. Ils ont été un fiasco total sur le plan stratégique et ils ont été responsables du massacre de millions de personnes innocentes. Sans parler, évidemment, de la crise financière, boursière et économique dont ils sont responsables et coupables. Un argument donc peu convaincant.
Si nous devons continuer à aider de grands perdants et des têtes brûlées, en avons-nous les moyens et n’est-ce pas dangereux ?
« Pour lutter contre le terrorisme plus efficacement, poursuit le chef de l’Etat ». Mais après avoir dépensé des trillions dans leurs systèmes de sécurité, le 11/9 a eu lieu et le terrorisme continue de progresser. Ce n’est donc pas un argument de référence. Tant qu'au terrorisme, il reste à savoir à qui il sert et à qui il rapporte in fine ; certainement pas aux islamistes et encore moins aux pays musulmans concernés ; bien au contraire.
Nicolas Sarkozy nous explique également, en substance : « Nous faisons partis d’une grande famille, nous devons en être fiers ». Mais être membre d’une famille de perdants ne suscite en rien la fierté ; et être membre d’une même famille ne signifie en rien que certains de celle-ci ne veulent pas nous nuire et nous trahir. Nous savons tous que les Etats-Unis ne veulent pas d’une Europe forte militairement et puissante économiquement. Une Europe puissante signifierait des négociations de partage dans de nombreux domaines, des prises de décision unilatérales et d’une suprématie sur le long terme. Le vol et la spoliation, des pays, aux riches ressources énergétiques et minières, doivent être et rester une initiative américaine réservée aux Américains.
Pour tenter de convaincre le chef de l’Etat nous dit également que : « Nous, Français, nous ne faisons pas la guerre aux musulmans ». La preuve serait que nous aurions défendus, avec l’OTAN, les musulmans contre le criminel serbe, Slobodan Milochevitch. Mais si la franchise de Nicolas Sarkozy n’est plus à démontrer, il n’en reste pas moins vrai qu’il relate les faits à son avantage en omettant d’expliquer les véritables raisons de ces bombardements iniques, injustifiés et dont le but n’était en rien de les défendre. Il s’agissait du démantèlement des anciens pays communistes pour porter un coup à la Russie, l’intégration des troupes de l’Otan dans certains de ceux-ci et le contrôle des gisements de pétrole de la mer Noire et Caspienne.
Chacun se souviendra d’ailleurs de l’énorme mensonge de Bernard Kouchner à ce sujet.
Si Nicolas Sarkozy nous dit également que « les absents ont toujours torts », n’est-il pas préférable, dans certaines situations, d’être totalement absents ? Surtout quand nous constatons les dérives, les mensonges, les désastres et les échecs de la politique du Pentagone et de celle de l'OTAN ?
Si nous devons réintégrer totalement l’Alliance pour éteindre constamment les feux du pyromane américain, cette décision n’est pas une réponse de sécurité ni d’avenir satisfaisante, à mon humble avis.
« C’est l'intérêt de la France et c'est l'intérêt de l'Europe", estime le président ». Si l’intérêt de la France et de l’Europe est de suivre des perdants sur toute la ligne, alors nous pouvons craindre le pire. De plus, imaginer qu’Obama va aller à l’encontre des plans décidés par Washington… serait naïf.
« En concluant ce long processus, la France sera plus forte et plus influente ». Plus forte que quand ? Face à qui et face à quel danger surtout ? Plus forte que lors des deux grandes dernières guerres ? Mais des décennies se sont écoulées depuis, le monde a changé et notre pays détient dorénavant l’arme atomique ; ça aide pour l’indépendance. Alors comment pouvons-nous assurer notre avenir en regardant derrière au sein d'une organisation obsolète, même si il faut tenir compte de nos erreurs et nos faiblesses passées ?
Selon le président il ne faut pas oublier d’être reconnaissant envers les Américains pour nous avoir sauvé à deux reprises. Oui d’accord. Mais pourquoi ont-ils attendu le dernier moment pour venir nous délivrer, pourquoi ont-ils bombardé entièrement la France en s’assurant le Plan Marshall ? Sachant que certains financiers, banquiers (dont le pépé Bush) et certains politiques avaient largement contribué à l’avènement du nazisme en soutenant implicitement Adolf et l’industrie allemande ; nous n’allons quand même pas rester à genoux devant eux jusqu’ad vitam æternam.
« La France sera plus influente », j’en doute. A l’heure d’une mondialisation galopante, où les nouveaux pays émergents prennent et prendront une place de plus en plus importante sur la scène internationale, à l’heure où l’impérialisme américain débecte l’ensemble des pays du Sud, de l’Asie du Sud-Ouest et Est, que l’hégémonie étasunienne est arrivée également à son paroxysme, que les pays pauvres sont, et seront, encore plus pauvres, comment peut-on penser que les décisions claniques occidentales seront la bonne réponse à l’avenir et la prospérité de l’humanité ; alors que jusqu’ici elles ont échoué ? Comment ne pas penser que cette réintégration totale ne sera pas, pour certains pays, une circonstance aggravante pour notre diplomatie ? Cela ne va-t-il pas renforcer considérablement la coopération militaire de la Chine et de la Russie ?
L’intérêt de la France n’est-il pas de poursuivre sa ligne directrice pour une Europe de la défense indépendante et forte, et de rester suffisamment éloignée des erreurs flagrantes des Etats-Unis pour s’assurer de nouveaux partenariats stratégiques ?
Et pour finir, peut-on imaginer que la guerre contre l’Iran a été rangée dans des cartons ? Non. Cette décision signifierait-elle alors que nous prendrons part à celle-ci ? Les Américains attendent-ils une alliance pleine et totale pour agir ? Sans doute. Financièrement et en hommes une guerre à des coûts très élevés, il serait donc souhaitable et préférable de les partager... mais sans être certains de gagner celle-ci ? Mais une guerre reste un bon moyen pour tenter de sortir d’une crise.
Pauvre Europe ! Tant de traités et de lois pour en arriver à être une simple assistée dans sa nature et, sa structure profonde de défense. Décision qui entraînera, de surcroît, des soumissions dans d'autres domaines et, obligatoirement, des moyens coerctitifs pour nous faire plier en cas de refus de coalition.
Les désastreux constats factuels et alarmants nous inciteraient surtout à s'éloigner de la ligne washingtonienne pour être respectés et compris des autres pays.